Choisir son micro

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Le choix du micro est souvent rendu difficile par la multitude de produits disponibles. Quand on débute, c'est aussi très compliqué de savoir par où commencer.

Cet article vous donnera des conseils pour bien commencer dans le domaine de la microphonie.



Tout d'abord, il convient de rappeler les différents types de microphones.

 


  1. Les dynamiques: Ces micros peuvent la plupart du temps encaisser de gros niveaux. La contrepartie est que leur sensibilité et leur niveau de sortie sont inférieurs aux autres types de micros (notamment, les micros statiques). Ce sont pour ces raisons, entres autres, qu'ils sont très utilisés en live.

  2. Les statiques : ils doivent êtres alimentés pour pouvoir fonctionner (alimentation fantôme ou 48V). Ils sont plus sensibles, en particulier les micros à grande membrane. Ces derniers sont généralement montés sur suspension, pour éviter les bruits de contact dus aux vibrations. Les micros à électrets entrent dans cette catégorie, et sont souvent alimentés via piles.

  3. Les micros à ruban : ceux ci sont un peu entre les deux mondes, ils ont la sensibilité des statiques, mais ne doivent pas être alimentés sous peine d'être endommagés. Ils sont aussi réputés plus fragiles et ont un son plus coloré.

  4. D'autres types de micros beaucoup plus spécifiques commes les piezzo électriques - qui équipent notamment les guitares - ou les PZM qui sont une variation de micros dynamiques exploitant leur environnement pour capter le son. On retrouve ces derniers dans les salles d'audio conférence, sortes de micros plats posés sur tables.


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Il existe des micros à tous les prix. D'où une certaine difficultés dans le choix pour les non initiés. La bonne nouvelle, c'est que les technologies d'aujourd'hui permettent de trouver des micros d'une qualité tout à fait satisfaisante pour quelques dizaines d'euros. Alors qu'est-ce qui fait la différence ? Les specifications, les composants utilisés, et cette fameuse courbe de réponse qui donne la coloration que vous recherchez tant... 

 

 

La première étape consiste à bien définir son besoin. Que dois-je enregistrer ? Dans quelles conditions ? Et surtout, quel est mon budget ? On ne choisira pas son micro de la même manière en fonction des réponses à ces questions. L'enregistrement d'un chanteur en studio vous orientera vers un micro statique à grande membrane, alors qu'on préfèrera sans doute un set de micros dynamique pour celui d'une batterie en live.

 

 

Les micros statiques à petite membrane sont particulièrement adaptés à la captation de signaux où les transitoires sont importantes. Ces transitoires sont le passage rapide du son d'un état à un autre. Par exemple, l'attaque d'une corde pincée, celle d'un piano joué fortissimo, ou celle d'une percussion. Ce sont ces transitoires qui caractérisent le timbre du signal, ce qui fait que l'on reconnait un piano, un violon ou une flute. C'est grâce à ses caractéristiques physiques, notamment sa taille, que la membrane du micro statique a petite membrane peut bouger plus vite et donc réagir plus rapidement en cas de transition rapide dans le son à enregistrer. On reconnaît un micro statique à petite membrane à sa forme, proche de celle d'un cigare (certains les appellent même des "micros-cigares").

 

 

La qualité de fabrication se paie. Les bonnes specs aussi. Si vous voulez une sensibilité phénoménale, un rapport signal / bruit gigantesque (ce qui signifie peu de bruit de fond), une distorsion minimale, une finition parfaite et des accessoires de qualité, alors il vous faudra payer le prix. On fait en général ce choix lorsqu'on souhaite un micro qui dure, dont on souhaite se servir pendant des milliers d'heures sur plusieurs projets très importants. Il faut néanmoins souligner que l'on peut tout à fait trouver des micros d'une qualité parfaitement acceptable pour moins d'une ceintaine d'euros. Il convient donc de bien évaluer l'importance de votre projet avant de vous lancer dans des investissements massifs.

 

 

La directivité du micro joue son rôle dans la fidélité de l'acquisition. Il existe plusieurs types de directivités, qui s'adaptent à des situations différentes. La directivité peut influer sur la phase du signal, colorant ainsi le son. Dans certains cas, le grille qui protège la membrane peut apporter son influence et colorer également vos enregistrements. Cela peut être un effet que vous recherchez. Par exemple, les prises de son sur amplis de guitare sont souvent faites hors axe pour profiter de la coloration d'un micro cardioïde (par exemple un SM57 de Shure). Certains micros spécialisés sont aussi étudiés pour compenser les altérations générées par leur forme particulière, c'est le cas des micros canon utilisés en cinéma. Ils sont très directifs, c'est-à-dire que leur sensibilité varie fortement selon l'angle avec lequel le son atteint la capsule. Ainsi, certaines marques de micro canon peuvent voir leur courbe de réponse modifiée électroniquement pour "redresser" ces alterations dues à leurs formes.

 

 

Les micros omnidirectionnels sont réputés être les plus fidèles, ils n'ont pas de directivité. Mais comme leur nom l'indique, leur sensibilité est identique de tous les côtés. Ce qui signifie qu'ils doivent être utilisés dans un environnement acoustique adéquat; en effet, sans cet environnement, préparez vous à enregistrer beaucoup de sons diffus, la réverbération de votre pièce, les bruits de la rue, etc. Les omnis ne sont également pas sensibles à l'effet de proximité qui augmente les basses fréquences lorsque la source à enregistrer est trop proche.

 

 

Si l'on parle des accessoires, ils entrent bien sûr en ligne de compte, surtout dans le cas d'un micro à petit budget. Est-il fourni avec un antipop ? Une suspension ? Votre micro est-il livré dans un bundle avec un pied de micro ? Un câble ? Un casque ? Tous ces éléments peuvent être déterminants selon les cas.

 

 

Vérifiez que vous saurez connecter votre micro à votre magnétophone. De nos jours, la plupart du temps, c'est l'ordinateur qui joue ce rôle. Les micros "classiques" disposent de connectiques XLR. Si vous n'avez que la carte son intégrée à votre ordinateur, vous aurez des difficultés pour la connexion. Utiliser des adaptateurs est dans ce cas une mauvaise idée, car cela signifie perdre une partie du signal à la conversion. En effet, la connectique XLR véhicule des signaux symétriques (sur 2 brins et une masse), alors que les minijacks qui équipent les cartes son intégrées aux ordinateurs ont des connectiques asymétriques (véhiculés sur 1 brin et 1 masse).

 

 

Notons toutefois que les connectiques des micros évoluent avec les besoins et les usages, et qu'il est de plus en plus fréquent de trouver sur le marché des micros USB de qualité tout à fait honorable. Cela présente l'avantage d'avoir un tout-en-un. C'est-à-dire qu'il n'est dans ce cas plus indispensable d'avoir recours à une interface audionumérique, le micro jouant ce alors ce rôle. Cela simplifie énormément la chaine de captation du son. Pour un podcasteur, par exemple, cela peut être une solution tout à fait satisfaisante: un ordinateur et un micro USB, quoi de plus simple ? Mais certaines fonctions, normalement présentes sur une interface audionumérique, peuvent manquer (par exemple, la sortie casque). Aussi, parce que c'est un tout-en-un, si le micro USB tombe en panne, c'est toute la chaîne de production audio qui est touchée, et l'ensemble à réparer / remplacer. C'est pourquoi dépenser beaucoup d'argent dans un micro USB n'est certainement pas une bonne idée. Il faut réserver ces achats à des besoin simples, et des budgets modérés.

 

 

Il est également important de prendre soin de vos microphones. Ils peuvent s'endommager avec le temps s'ils sont conservés dans des endroits humides, ou entreposés près d'éléments magnétiques (comme des enceintes). La plupart des micros comportent des aimants et ceux ci peuvent se démagnétiser avec le temps.

 

 

La microphonie est un des ces domaines où les objets anciens sont recherchés pour leur quailités sonores (le même phénomène existe avec les synthétiseurs). Paradoxalement, cette qualité recherchée aujourd'hui correspond à un défaut de l'époque. En effet, les micros d'antan se voulaient être les plus fidèles possibles et n'y parvenaient pas. Cela leur conférait ce qu'on appelle aujourd'hui une coloration. Cela peut être par exemple des graves plus flatteurs, ou une augmentation de quelques dixièmes de dB dans le haut medium due aux limitations du design. Ces micros ont été utilisés pour enregistrer de nombreux artistes entre les années 50 et les années 80, imprimant un certain "son" sur les productions musicales de l'époque. Culturellement parlant, ces "couleurs" sont devenues des références, nous rappelant la bonne musique d'alors. Les artistes d'aujourd'hui, cherchant à reproduire ces "couleurs" caractéristiques, ont crée le besoin de matériel dit "vintage" (ndlr: ancien). Et les fabricants l'ont bien compris; ils abreuvent le marché de rééditions de matériels d'époque - le vrai matériel d'époque peut encore être trouvé sur eBay, mais l'entretien peut s'avérer compliqué - et aussi de nouveaux produits censés répliquer ces imperfections, en utilisant des composants spécifiques d'époque (comme des lampes) ou en modélisant numériquement le comportement de la courbe de réponse. C'est la tendance du "modelling".

 

 

Il faut aussi être réaliste. Lorsqu'on n'a pas l'expérience, il est peu probable qu'on entende une différence entre un micro à 50€ et un micro à 2000€ (d'ailleurs, on a rarement la possibilité d'écouter cette différence, et il faut avoir un très bon préampli et un très bon système de diffusion pour en juger). Ce qui signifie que lorsqu'on débute, la règle d'or consiste à dépenser son argent raisonnablement. Préférez les entrées de gamme (à ne pas confondre avec le "bas de gamme", qui est un concept totalement différent, associé à de la mauvaise qualité). Cela vous permettra de vous "faire les oreilles" et d'aller progressivement, si besoin seulement, vers des matériels plus onéreux, d'une qualité supérieure. N'oublions pas que le plaisir et l'apprentissage priment, et qu'il faut parfois mettre sa créativité à contribution pour faire sonner un matériel mieux que son prix ne laisse penser. 

 

 

Les plus éclairés d'entre vous ont peut-être déjà atteint certaines limites avec de l'entrée de gamme. A nouveau, à moins d'avoir fait des écoutes comparatives avec d'autres matériels de milieu de gamme, ne faites pas un saut quantique vers le micro ultime au prix indécent. Sachez faire la part des choses. Quelle part de cette qualité ultime transpirera dans vos productions ? Est-ce que le reste de la chaîne du son va suivre ? Est-ce qu'un micro moins cher et une semaine aux caraïbes avec votre conjoint(e) ne serait pas plus adapté ? Vous seriez surpris de réaliser à quel point en audio, le plaisir est finalement indépendant du prix. A vrai dire, avec l'expérience, le rapport tend même à s'inverser (moins cher pour des fonctions similaires = plus de plaisir).

 

 

Mais le plus important pour un artiste est finalement de capturer fidèlement son oeuvre et qu'elle soit reproduite conformément à la vision qu'il en a. A cet effet, les équipements de 2014, même avec un budget réduit, joueront parfaitement ce rôle. Alors comment choisir son micro à cet effet ?

 

 


  1. Soyez clair avec votre besoin, votre projet, vos ambitions et votre budget. N'oubliez pas qu'acheter un très bon micro très cher ne sert à rien si le reste de la chaîne n'est pas de même qualité. En particulier, vérifiez la cohérence de votre achat de micro avec votre preampli, et la qualité de votre conversion analogique / numérique. Veillez aussi à assurer cette cohérence jusqu'à la diffusion. Si votre but ultime est de produire un mp3 à 128kbits/s, inutile d'aller chercher un micro vintage et un préampli de légende qui couteront plusieurs milliers d'euros.

  2. Consultez les forums d'utilisateurs, et lisez les avis. En particulier, plus que les avis positifs des gens qui vous diront que tel micro USB à 25€ sonne comme un Neumann U87, cherchez les gens qui ont des problèmes. Un utilisateur mécontent sait souvent exprimer pourquoi il n'est pas content. L'inverse est rarement vrai. Et malheureusement, les forums sont aussi remplis de gens qui pensent connaître le sujet, mais qui n'ont aucune expérience (il faut être bienveillant, cela part d'un bon sentiment, mais c'est la realité du terrain).

  3. Ecoutez si c'est possible des enregistrements faits avec le micro que vous visez. Certains sites proposent des comparatifs A/B d'un même signal entre plusieurs micros. C'est très utile pour se faire une idée. N'hésitez pas à demander sur les forums si des gens peuvent vous faire des enregistrements. Vous serez surpris du nombre de gens qui acceptent de faire ce genre de choses.

  4. "Achetez les micros des copains", ce qui signifie n'achetez rien, mais empruntez. Evidemment, pour cela, il faut avoir des copains (et en plus, avec des micros). Il n'y a rien de mal à acheter le même micro que celui de vos amis, si vous êtes satisfaits de sa qualité.

  5. Repérez une boutique sérieuse, ayant pignon sur rue, ou avec une bonne réputation sur Internet. Et questionnez le vendeur, il est là pour ça (oui, même sur Internet, ça fonctionne). Cela ne sert à rien de payer plus cher vos produits chez votre marchand de musique du coin, si celui ci n'apporte aucune valeur ajoutée. Si votre détailant musique fait son beurre en vendant des guitares pour enfants, ce n'est probablement pas le meilleur interlocuteur pour vous aider à choisir. Inversement, si celui ci connaît bien son sujet, qu'il vous conseille bien et qu'il vous vend un micro a peine plus cher qu'ailleurs, alors n'hésitez pas à lui acheter. Ce sera de l'argent bien dépensé, donné à des gens méritants. Méfiez vous des vendeurs qui poussent à la consommation. Les "bons" vendeurs vous mettront en garde lorsque vous achetez un micro très cher, et vérifieront avec vous qu'il est bien adapté à votre installation existante, ou votre projet.


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Bien entendu, le prix de ces produits augmente avec les tendances, l'attrait que procure leur coloration, leur marque, ou même l'ingénieur ayant participé au design. Le monde de l'audio suit les mêmes codes que les autres produits de consommation. Le marketing y est roi, donc gardez bien la tête sur les épaules lors du choix de votre micro, ne cédez pas aux appels du marketing, posez vous la question de savoir quelle est l'utilité de payer plus cher pour un produit plus en vue, et ne vous fiez qu'à vous mêmes si vous en avez la possibilité.

 

 

Pour plus d'informations, vous pouvez aussi écouter notre émission dédiée sur le choix des microphones. On y discute de tous ces sujets et bien d'autres.